Friday, April 27, 2007

Des Etats africains pour un moratoire de 20 ans sur l'ivoire


PARIS - Près d'une vingtaine d'Etats africains réclament un moratoire international de vingt ans sur le commerce de l'ivoire afin de préserver leurs éléphants victimes du braconnage et tentent actuellement de gagner le soutien de l'Union européenne. Le Kenya et le Mali, à l'origine du projet de moratoire avec le Togo et le Ghana, espèrent le voir adopté lors de la prochaine réunion des Etats parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES), en juin à La Haye, ont indiqué mardi à Paris leurs représentants. Une délégation, également composée de représentants de République démocratique du Congo et du Niger, effectue cette semaine une tournée européenne destinée à rallier le soutien de l'UE au moratoire. "Les éléphants africains sont en train de disparaître et seule une interdiction totale du commerce de l'ivoire pendant 20 ans leur donnerait le temps de se réorganiser et nous donnerait le temps d'assurer leur protection", a estimé Patrick Omondi, responsable de la conservation au service kényan de protection de la faune sauvage. "Chaque fois que la CITES autorise la vente sous contrôle de quantités d'ivoire, nous assistons à une augmentation du braconnage et du commerce illégal", selon le chef de la délégation, Bourama Niagate (Direction de la conservation de la nature du Mali). "Or nous sommes confrontés à des hommes très organisés et mieux armés que nos propres armées, alors que nous devons protéger des centaines de milliers d'hectares de parcs et réserves, sans moyens de communication", a-t-il fait valoir. Selon le document soumis à la CITES, la population africaine d'éléphants est passée de 3 à 5 millions dans les années 1930-1940 à 400.000 à 600.000 aujourd'hui. 20.000 éléphants seraient braconnés chaque année. Le braconnage a entraîné le déclin des pachydermes au Cameroun, en République Centrafricaine, Congo, RDC, mais aussi au Niger, Mali, Malawi ou au Tchad, où trois gardes forestiers ont été tués récemment. "A 850 dollars le kilo d'ivoire au Japon, que ne ferait un braconnier pour en obtenir 10 ou 20 kilos? Le Congo a déjà perdu ses rhinocéros à cause de leurs cornes", a rappelé le représentant de RDC, Cosma Wilungula Balongelwa. Le projet de moratoire a également reçu le soutien de dix-neuf Etats d'Afrique centrale, orientale et occidentale réunis à Accra en août 2006. Seule l'Afrique australe ne s'y est pas associée. L'Afrique du Sud, la Namibie et le Botswana, qui font valoir le bon état de conservation de leurs populations d'éléphants, sont autorisés par la CITES à vendre des quantités limitées d'ivoire.