Tuesday, January 27, 2009

RDC: la capture de Nkunda saluée comme un important succès



KINSHASA (AFP) — Les soldats rwandais et congolais qui progressaient samedi dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) contre les rebelles hutu rwandais ont remporté un important succès en capturant le chef rebelle congolais Laurent Nkunda, salué par la presse et l'opinion.
"Laurent Nkunda arrêté, certains n'y croiront que dans leur tombe", affirmait samedi le quotidien L'Avenir dans un éditorial, titrant : "La fin d'une aventure criminelle".
Dans les échoppes, les rues, les taxis de Kinshasa, le nom de Nkunda revenait sans cesse, comme sur les nombreuses radios et télévisions. Avec une exigence: le jugement public du chef tutsi de la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), arrêté jeudi au Rwanda voisin alors qu'il déstabilisait depuis 2004 l'est de la RDC, faisant trembler le pouvoir congolais.
Le président rwandais Paul Kagame s'est félicité "des bons résultats" de l'opération militaire conjointe et inédite lancée mardi par Kigali et Kinshasa, affirmant "n'avoir jamais été plus confiant", dans une allocution à Radio Rwanda.
Laurent Nkunda, général déchu, fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en 2005 par la Haute Cour militaire congolaise pour désobéissance et crimes de guerre à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu (est) qu'il avait prise brièvement en juin 2004.
Il est aussi accusé par nombre d'ONG d'avoir enrôlé des enfants dans ses rangs, comme d'autres groupes armés qui écument le Nord et le Sud-Kivu. "L'arrestation de Nkunda pourrait permettre la libération d'environ 1.500 enfants-soldats", selon l'ONG Save the Children.
S'il était jugé à Kinshasa, Nkunda, qui il y a quelques semaines encore infligeait d'importantes défaites à l'armée congolaise, pourrait encourir la peine capitale, toujours en vigueur en RDC. Même si aucun condamné n'a été exécuté depuis l'arrivée au pouvoir de Joseph Kabila en janvier 2001, y compris ceux qui ont été reconnus coupables de l'assassinat de son père et prédécesseur, Laurent Désiré Kabila.
Encore faut-il que Nkunda soit livré par le Rwanda aux autorités congolaises. Son éventuelle extradition est tenue secrète pour l'instant, en accord avec la grande opacité qui entoure, depuis le début, l'opération militaire conjointe entre les deux armées dans l'est.
L'entrée des soldats rwandais, ennemis d'hier, a non seulement surpris la classe politique en RDC, mais aussi nombre de ministres et militaires, selon des sources concordantes. Elle a aussi suscité des remous dans l'armée rwandaise, au sein de laquelle plusieurs arrestations ont eu lieu, selon une source onusienne.
La RDC souhaite l'extradition de Nkunda, mais le porte-parole du gouvernement congolais et ministre de la Communication Lambert Mende a pris soin de préciser que "cela (relevait) des autorités rwandaises". Samedi, il a indiqué à l'AFP que Nkunda est "encore à Gisenyi", localité rwandaise située en face de Goma, capitale de la province congolaise du Nord-Kivu.
Une source onusienne à Goma a estimé qu'il "ne serait pas impossible que Nkunda ait déjà été transporté secrètement à Kinshasa". "Si Kigali livre Nkunda à Kinshasa, ce sera un geste très fort", observait un diplomate à Kinshasa.
Sur le terrain, les forces conjointes progressaient samedi dans les régions du Rutshuru et de Masisi, dans le Nord-Kivu, contre les rebelles hutu rwandais, a constaté un journaliste de l'AFP.
Selon l'ONU, au moins 5.000 soldats rwandais seraient déjà en mouvement dans cette province.
Le ministre congolais de la Défense, Charles Mwando Nsimba, est arrivé samedi à Rutshuru, accompagné par une importante délégation, qui comprend notamment Bosco Ntaganda, le chef d'état-major du CNDP, rallié au gouvernement.
La délégation, symbolisant la restauration de l'Etat congolais dans cette région tenue depuis plusieurs mois par le CNDP, a été acclamée par quelques centaines d'habitants.

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